Billet d'humeur

Depuis quelques temps, je vois de plus en plus de familles vivre dans la peur. Je les vois se refermer sur elles-même, je les entends pleurer, je les sens trembler, ébranlées et chancelantes, tétanisées par le stress immense qui les submerge ou au contraire s’agitant dans tous les sens sans savoir par quel bout prendre le problème, s’épuisant à force de chercher des solutions là où il n’y en a pas, ou si peu.

 

Et tout cela pourquoi ? Parce qu’elles ont été sacrifiées par le gouvernement sur fond de punition collective et d’arguments fallacieux, au nom d’une loi inique contre laquelle les familles en IEF se battent depuis maintenant deux ans et demi. Une loi dont le but au demeurant très louable mais en réalité bien caricatural était de sauver quelques dizaines d’enfants d’un hypothétique endoctrinement religieux en en sacrifiant des dizaines de milliers d’autres. Comme si cet endoctrinement ne finirait pas par trouver une autre voie pour aboutir à ses fins. Comme si on pouvait endiguer un mouvement déjà illégal en légiférant un peu plus contre lui.

 

Encore une fois, l’entité détentrice d’autorité fait reposer sur tous la responsabilité d’une faute commise par quelques-uns. Je crois énormément en la notion de responsabilité, c’est d’ailleurs une des premières valeurs que j’ai essayé d’inculquer à mes enfants. Mais je crois en une responsabilité profonde, fondamentale, en une responsabilité aiguillée par et pour soi-même, intrinsèque et radicale. Pas en une responsabilité accidentelle, artificielle, infligée par autrui pour des faits qui ne nous concernent pas. Je crois également en une société de l’entraide. Cela ne signifie toutefois pas que je souhaite vivre dans une société uniformisée et égalitaire au point de faire perdre tout son sens à la notion de liberté. Entre liberté et égalité, à contraintes et à enjeux égaux, je choisirai toujours la première, car c’est elle qui nous fait vibrer, qui fait pétiller notre âme et qui fait jouir nos cellules. L’égalité est plate et terne, la liberté est accidentée et espiègle.

 

Or aujourd’hui, des familles saines et affectueuses vivent dans la peur. Dans la peur de devoir renoncer à la rentrée prochaine à ce qui fait leur quotidien. A ce pour quoi elles se battent depuis des années. A ce qui est au centre de leur existence, de leurs valeurs intimes. A cause d’un contrôle de l’EN qui s’est mal passé sans raison valable. A cause d’un refus d’autorisation d’instruction en famille basé sur une interprétation erronée et partiale de la loi. A cause de l’intrusion dans leur quotidien d’un rouleau compresseur sans état d’âme qui balaie tout sur son passage. Aujourd’hui, des familles aimantes sont dévastées, victime de dommages collatéraux dont l’étendue semble ne jamais s’arrêter. Sans oublier la double peine que subissent certaines d’entre elles, souffrant d’éco-anxiété, qui tremblent tout autant de laisser un monde de désolation à leurs enfants. Et ne sont, là non plus, ni écoutées et ni entendues.

 

C’est pourquoi je voudrais que le gouvernement prenne enfin la mesure de ses choix. Je voudrais qu’il comprenne qu’il ne demande pas à ces familles de faire quelques petites modifications dans leur emploi du temps pour arranger tout le monde. En mode : bon, oui, c’est un peu désagréable mais ce n’est pas si grave, vous n’avez qu’à faire un pas de côté et rentrer dans le rang, comme tout le monde. Il ne leur demande pas de mettre leur ceinture de sécurité ou de cesser de fumer dans les lieux publics pour le bien commun. NON ! C’est bien plus profond que cela. Dans ces cas-là, l’IEF n’est pas qu’une simple lubie ou un pis-aller mis en place pour palier les manquements de l’EN pendant un ou deux ans, le temps de requinquer des élèves mal en point. L’IEF, ce sont aussi des familles qui ont fait un choix de vie, parfois même avant la naissance de leurs enfants, basé sur des convictions profondes et ancrées, argumentées, ainsi que sur une dynamique forte et raisonnée, qui s’intensifient d’années en années au vu des bénéfices qui éclosent, qui explosent, au fur et à mesure que les enfants grandissent. Je ne vous parle pas ici d’un carcan fermé à la discussion, délimité par un fanatisme parental outrancier, mais d’une autre vision de la vie, d’une danse parent-enfant fondée sur l’échange, sur la compréhension et l’écoute des besoins de l’autre et sur une certitude : il existe une autre mélodie que celle qui se joue à tous les coins de rue, une mélodie qui apporte le bonheur à tous les membres de la famille. Une mélodie qu’on essaie de nous empêcher de jouer tranquillement de notre côté, sans faire de mal à personne.

 

 

Et c’est certainement ce qui pose problème en fin de compte : cet entre-soi, entre nous, dont on nous accuse souvent à tort, sans chercher à savoir, sans chercher à comprendre. Cette épée de Damoclès de la dérive sectaire qui nous accompagne sans cesse sur notre chemin d’indépendance. Car actuellement, lorsque la liberté nous amène sur des sentiers trop éloignés de l’autoroute de la bien-pensance, nous devenons suspects, au mieux bizarres, au pire dangereux. Le monde a soif d’uniformité alors que les crises successives qu’il traverse devrait au contraire le pousser à désirer la diversité, la curiosité, la différence. Alors oui, paradoxalement, certaines différences sont mises en avant, on pousse à la tolérance de ceux qui sortent de la norme, on tente, tant bien que mal, de décaler cette ligne imaginaire qui sépare le monde en deux groupes : la masse et les autres, et c’est tant mieux ! Mais cette tolérance est en réalité bien artificielle car maintenue dans une vision prédéfinie, étroite et fermée.

 

Le monde a besoin de tout le monde, de tous ceux qui essaient de nouveaux chemins en conscience, de tous ceux qui font le bien autour d’eux, de tous ceux qui ne dérangent personne et qui tentent de vivre tant bien que mal dans une société dont ils comprennent de moins en moins le fonctionnement, sans pour autant la rejeter. On peut être républicain, reconnaître les valeurs de la république française et avoir du mal à trouver sa place dans la France d’aujourd’hui. Il est pourtant indispensable d’inclure cette France qui doute, cette France qui se cherche, cette France qui ne baisse pas les bras devant l’adversité si on veut voir notre pays sortir gagnant de ces temps difficiles. Or, aujourd’hui, on a plutôt tendance à diviser et à pousser à l’expatriation les forces vives du pays à force de ne plus les écouter, à force de les repousser.

 

Aujourd’hui, des familles entières, parents et enfants, souffrent, pleurent et vivent dans la peur chronique parce que quelqu’un, quelque part, là-haut, bien au chaud dans un bureau, a décidé qu’il était temps qu’elles rentrent dans le rang, sans connaître les tenants et les aboutissants de sa décision et en balayant d’un revers de la main les vives protestations occasionnées. Au nom d’un idéal discriminatoire et discriminant. Il serait peut-être temps d’appeler enfin à une vraie diversité dans l’unité, à une richesse dans la cohésion, à une disparité créatrice de l’humanité. Cessons de stigmatiser les uns et les autres. Et cessons de faire du mal à ceux qui font du bien.

 

 

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Certifiée Féna, la Fédération Française des Écoles de Naturopathie

 

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