Le time-out

 

Je n’avais pas prévu de commenter LA polémique du moment en matière d’éducation mais vous m’envoyez des messages pour me demander mon avis, alors c’est parti :

  • Commençons par préciser que je ne connais pas le travail de Caroline Goldman. Elle a certes commenté une de mes séries sur la parentalité positive il y a quelques temps en mode copier-coller de généralités et de citations d’auteurs/d’études mais je n’ai pas creusé pour 3 raisons. Bien qu’elle soit une très bonne communicante, ses commentaires prouvaient qu’elle n’avait pas lu mon post d’origine et qu’elle n’avait pas compris ce qu’était la parentalité positive. Elle ne semble pas non plus avoir pris conscience du biais de recrutement dont elle souffre en tant que psychologue professionnelle, ni du fait que certains parents pensent accompagner leurs enfants de manière consciente et bienveillante mais n’y parviennent pas, pour diverses raisons qui leur sont propres. Cela ne signifie pas pour autant que la méthode, mal comprise et mal appliquée, soit à jeter à la poubelle. Enfin, elle se base encore et toujours sur des thèses psychanalytiques qui semblaient déjà démodées il y a 30 ans. Je vais donc parler du time-out en général et non de sa vision spécifique sur la question, que je ne connais pas.
  •  Le time-out a deux écueils essentiels : il part tout d’abord du principe illusoire qu’un enfant en proie à une émotion forte, après un comportement inapproprié et répréhensible selon la vision de l’adulte, se mettrait d’un coup à réfléchir posément à ses actions – en mode ouh là là, ce n’est vraiment pas bien ce que j’ai fait, je ne dois surtout pas recommencer - de manière à ne plus les reproduire ultérieurement. SEUL. Alors qu’il est en colère, triste, énervé et qu’il a 2, 3, 4 ou même 10 ans. Sous prétexte qu’il a été isolé sur une chaise ou dans sa chambre. Bon, j’exagère le trait, mais l’idée est là. Je ne vais pas vous mentir, je préfère casser le mythe tout de suite : non, si c’est l’effet attendu, vous pouvez oublier, cela ne fonctionnera pas. Vous pouvez éventuellement finir par dresser votre enfant à taire ses émotions et à agir de manière appropriée selon votre grille de lecture en utilisant régulièrement cette méthode, mais vous ne lui apprendrez pas à réfléchir à ses actes. Seulement à réagir par la peur et à la crainte de l’autorité.
  • Ensuite, le time-out est une punition. Il fait partie du panel de punitions-récompenses classiques. Il semble au premier abord un peu moins dur et violent pour l’enfant car il donne l’idée que l’enfant prend un temps pour réfléchir à ses actes, que tout cela a du sens. Mais cela reste une punition basique. Or, les punitions fonctionnent parfois sur le court terme, de manière ponctuelle, rarement sur le long. Tout comme la menace de la punition. Si c’était le cas, les prisons seraient vides. Pourtant, aux dernières nouvelles, ce n’est pas le cas. Nous ne bâtissons pas une relation avec nos enfants sur du ponctuel. Nous créons un environnement adapté et stimulant qui va leur permettre de se développer au mieux pendant de longues années. En passant par les punitions, pour se simplifier la vie ou par manque d’outils et d’énergie pour faire autrement, on entre dans une escalade sans fin. Certains enfants rentrent dans le cadre rapidement et apprennent à faire plaisir à leurs parents par peur de la répression (à quel prix?) mais de nombreux autres finissent par s’habituer aux sanctions (c’est un phénomène bien connu et très documenté) qui perdent alors leur effet menaçant. Et les adultes sont perdus, sans autre solution que d’infliger des punitions plus longues, plus contraignantes, plus sinistres. L’enfant, quant à lui, s’enferme dans son agacement, dans son idée que les adultes sont nuls, ne comprennent rien à rien et qu’il devra juste mieux cacher ses méfaits la prochaine fois pour ne pas se faire prendre.
  • Toute cette discussion part de l’idée qu’ont certains adultes qu’il est impossible de se passer du système de punitions-récompenses pour élever des enfants. Que c’est le seul moyen qui existe pour leur inculquer le respect de l’autre et des règles de société. Là encore, je vais casser le mythe : si, c’est possible et cela marche dans de nombreuses familles (de ma connaissance personnelle, professionnelle et dans la mienne!). Par contre, ce n’est pas simple tous les jours. Cela demande du temps (surtout au début, quand les enfants sont petits), de l’investissement, de la prévention, de la créativité, de la confiance, de la remise en question et de l’amour, beaucoup d’amour. Cela fonctionne néanmoins très, très bien. Et à long terme, à l’échelle d’une vie, c’est génial ! Cela permet d’avoir une relation complètement différente avec ses enfants, une relation d’écoute mutuelle, de prise en compte des besoins de chacun, une relation riche et saine qui s’enrichit avec les années, sans avoir besoin de rejeter l’autre pour se construire.
  • Bon, ok, c’est bien beau tout cela, mais on fait comment alors, au quotidien, quand notre enfant ne réagit pas comme on le souhaiterait, si on ne le punit pas ?

En premier lieu, on se demande s’il y a vraiment un problème ou si on réagit juste par habitude, par réflexe, en réprimant un comportement qui nous dérange certes, mais qui est finalement normal pour un enfant de cet âge. On évalue nos besoins par rapport à ceux de l’enfant, par rapport à sa capacité à gérer la frustration, son rapport aux autres, en fonction de son âge, de sa maturité, d’un éventuel handicap… et on prend une décision. Je laisse faire ou j’interviens ? (Intervenir veut dire se lever, aller vers l’enfant et entrer en réelle communication avec lui, pas seulement lui crier depuis le divan d’arrêter d’embêter sa sœur ou de cesser de crier. Oui, je sais, on a tous essayé quand on était fatigué. Étonnamment, ce n’est pas très efficace 😉).

On peut ensuite extraire l’enfant de la situation dans laquelle il se trouve si celle-ci devient ingérable. MAIS, grande différence avec le time-out, on reste avec lui ! On ne le laisse pas seul face à des émotions débordantes. On l’aide à les regarder passer sans se faire mal, sans faire mal aux autres, en validant son émotion, non ses actes. Puis, quand il est calmé, à tête reposée, on explique le pourquoi du comment. Le contexte. On trouve ensemble des pistes de solution pour que cela ne se reproduise plus, on fait de la prévention +++ dans les jours qui viennent (je vous avais dit que c’était chronophage au départ. Par contre, à l’arrivée, on y gagne mille fois car les comportements répréhensibles s’espacent, les enfants améliorent leur intelligence émotionnelle et la relation parent-enfant se développe, s’étoffe).

 

 Si les difficultés sont récurrentes, on réfléchit à l’environnement de l’enfant. Évolue-t-il dans un milieu stressant, y a-t-il quelque chose qui l’inquiète, a-t-il suffisamment de temps pour lui, dort-il assez, reçoit-il les nutriments dont il a besoin pour fonctionner au mieux, a-t-il des outils pour remplir son réservoir affectif plus rapidement qu’il ne se vide… ? Des raisons d’aller mal, il en existe mille. Des raisons d’aller bien également. À nous parents de s’assurer que la balance penche du bon côté.

 

Et on prend son mal en patience. Pour cela, on s’occupe de soi également, on développe son réseau pour ne pas tout gérer tout seul, on demande de l’aide, on accepte de ne pas être surhumain et d’être faillible et on se concentre sur l’essentiel. Et vous verrez, cela va fonctionner !

 

Choisissez vos batailles, imposez peu, uniquement ce qui compte vraiment, et là, ne cédez pas d’un pouce ! Positionnez-vous avec fermeté et douceur sur vos valeurs profondes (respect, écologie, écoute… à vous de les choisir). Mais restez ouvert sur le reste, vos enfants vous aideront à grandir avec eux, vous pourriez être agréablement surpris du chemin sur lesquels ils vont vous amener. ❤❤

 

Et si vous avez besoin d’aide pour parvenir à mettre tout cela en jeu, pour trouver ou assumer votre place dans votre dynamique familiale, contactez-moi sur les réseaux ou sur mon site. Je vous accompagnerai avec plaisir sur ce chemin. Un regard extérieur, neutre, bienveillant et professionnel permet souvent de débloquer plein de choses.

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Certifiée Féna, la Fédération Française des Écoles de Naturopathie

 

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