Envie de pousser un coup de gueule ce matin. Et pourtant, celui-ci, je l’ai déjà poussé plus d’une fois, mais je n’y peux rien, il ne passe toujours pas.
Alors c’est parti :
Oui, on peut avoir reçu quelques fessées dans sa vie et ne pas avoir l’impression que cela ait eu des conséquences sur sa vie. Oui, on peut avoir été puni physiquement par ses parents
et considérer que c’était juste et nécessaire et ne pas comprendre pourquoi ce serait un problème. Cela ne signifie toutefois pas que ce n’en est pas un.
Tout comme on peut fumer toute sa vie et mourir à 100 ans ou faire attention à son hygiène de vie et déclencher une pathologie létale à 60 ans. Ou comme on peut tomber du deuxième étage et
finir cassé en milles morceaux ou s'en sortir sans rien de sérieux.
Tout cela est une question de probabilités ! Ce n’est pas parce que nous ne voyons pas les conséquences d’un acte que celui-ci n’en a pas. Qu’il n’augmente pas le
risque d’être en mauvaise santé, de souffrir de dépression ou de manque de confiance en soi ou d’une fragilité générale, physique et émotionnelle. Le cerveau humain est très doué pour
ne nous montrer que ce que nous avons envie de voir. Lorsque l’on s’intéresse à un domaine aussi complexe que l’humain, il n’est pas possible de prendre en compte toutes les
composantes qui l’influencent de manière exhaustive. Il y a bien trop de ramifications. Mais ce n’est pas parce que nous ne comprenons pas quelque chose que nous devons le balayer
d’un revers de la main.
Aujourd’hui, il est démontré que le stress a une influence négative sur le corps. Or, toute forme de violence physique est une forme de stress, certes plus ou moins
importantes selon les individus, selon les caractères, selon les histoires de vie, mais elle est toujours là. La violence a des conséquences : physiques, psychiques, sociétales.
Personne ne le nie pour les adultes, de quel droit pourrions-nous le nier pour les enfants?
Or, il est possible de s’en passer. Il est possible d’accompagner ses enfants dans la vie sans cette violence. Nous pouvons parfaitement faire autrement, cela
fonctionne très bien, je le vois quotidiennement en consultation ! Tout comme je vois quotidiennement des gens qui souffrent des suites de ce qu’ils ont subi enfant. Alors
pourquoi s’en priver ? Pourquoi se priver de ce qu’une autre forme d’éducation peut nous apporter ? Pourquoi refuser de renoncer à ce qui pourrait laisser des traces
indélébiles sur nos enfants, des traces certes parfois minimes mais tout de même bien présentes. Ce sont des gouttes d'eau qui font l'océan, ne l'oublions pas. Quel est
l'intérêt de polluer l'une de ces gouttes en se disant que cela n'affectera pas l'océan alors qu'il est possible de faire autrement?
Pour terminer, je redirai que les enfants dits "enfants rois" (même si je n’aime pas l’expression, je l’utilise afin que nous nous comprenions au mieux) ne sont en aucun cas
des enfants résultant d’un manque de fessées ou de punitions. Le problème est tout autre, il réside dans un manque de respect mutuel dans la relation parent-enfant et ce
respect peut, et doit, se mettre en place en dehors de toute violence. Cet amalgame est infondé et n’a pas lieu d’être. Frapper de tels enfants ne restaurera pas le respect,
il induira de la peur qui, de prime abord, pourra donner l'impression de parvenir au même résultat, mais en réalité, ce ne sera absolument pas le cas.
Je rêve d’un jour où je ne verrai plus surgir sur les réseaux sociaux ces petites phrases qui essaient de développer une vérité universelle à partir d’une semi-vérité
personnelle. Les fessées ont une conséquence sur le corps et la psyché de l’enfant. Il est tout à fait possible d’éduquer un enfant dans le respect mutuel sans y avoir
recours avec les bons outils et que cet enfant devienne un adulte bien dans sa peau, empathique et respectueux des autres. Il n'y a pas qu'une seule manière d'y
parvenir, l'humain aime la diversité, mais il existe plein de chemins accueillants sans violence qui vous y amèneront. N'hésitez pas à les prendre si le cœur vous en
dit.
Si vous ne savez pas comment faire, faites-vous accompagner par un professionnel, contactez-moi ou un de mes collègues. Mais de grâce, comprenez qu’il est possible
d’être traumatisé et que le trauma, la blessure physique ou psychique, soit invisible. Cela ne signifie pas qu’elle est inexistante.
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