Le métier de parents

Nous avons souvent tendance à considérer, à tort, qu’être parent est une chose innée et instinctive. Nos parents sont passés par là et s’en sont sortis, nos grands-parents également. En fait, toute la longue lignée de nos ancêtres est parvenue, avec plus ou moins de bonheur et de réussites, à avoir des enfants alors franchement, pourquoi pas nous ? Il n’y a aucune raison que nous n’y arrivions pas nous non plus !


Cette vision est toutefois, comme souvent, une simplification d’un problème bien plus grand. Oui, de nombreux parents sont passés par là avant nous et cela présuppose que nous avons en nous les ressources nécessaires pour affronter des difficultés équivalentes. Mais cette appréciation erronée - considérer qu'il est naturel de savoir être parent - découle également d’une méconnaissance profonde du métier de parent.
La plupart d’entre nous sommes conscients qu’avoir des enfants et être parent, ce n’est pas forcément la même chose. Les implications sont loin d’être les mêmes. Mais nous devons aussi garder à l’esprit qu’il existe une immense variété de manière d’être parent. Et que cette disparité s’est particulièrement accrue depuis une cinquantaine d’années.

 

S’il était, autrefois, relativement simple de concevoir le métier de parent, ses tenants et ses aboutissants, en reproduisant ce qu’on avait soi-même connu enfant et les valeurs propagées de manière relativement uniformes par notre groupe d'appartenance sociale, les bonds gigantesques réalisés par la société en matière de liberté et de développement personnels, de recherche d’épanouissement et de bonheur, de connaissances neuroscientifiques, de travail sur les émotions et leurs ramifications en matière de santé et d’évolution…, nous laissent devant un champ des possibles pour le moins déstabilisant. Si nous ajoutons à cela une perte significative du lien familial, tant du point de vue de la proximité géographique et intellectuelle des autres membres de notre entourage, que du point de vue de la nécessité de coller au modèle familial, nous comprenons pourquoi les parents d’aujourd’hui se retrouvent face une tâche ô combien ardue : créer de nouvelles manières d’être, de se positionner par rapport à leurs enfants.

 

Or il peut être normal, dans cette tâche, d’avoir besoin de soutien extérieur, sous une forme ou sous une autre. De glaner des informations à droite à gauche pour se faire sa propre opinion des choses et pour développer et consolider sa réflexion. Que cela soit en lisant des blogs ou des livres de parentalité, en participant à des ateliers, en buvant un thé entre copines ou en se faisant accompagner par un consultant en parentalité… Il n’y a pas de honte à avoir à demander de l’aide. Ce n’est pas une marque de faiblesse, bien au contraire. Savoir reconnaître ses difficultés pour ce qu’elles sont et chercher autour de soi des solutions pour y remédier est, selon moi, une marque de grande maturité.

 

La notion d’instinct n’est pas toujours représentative d’une réalité tangible. Je veux dire par là qu’après des années à avoir vilipendé l’instinct comme une marque de barbarie en opposition à la culture occidentale, notre société lui redonne, à juste titre, ses lettres de noblesse. Nous ne devons néanmoins pas nous fourvoyer quant à la provenance de cet instinct. Ce que nous prenons trop souvent comme une impulsion pure et dépourvue de toute influence sociétale est en réalité imprégnée, à plus ou moins grande échelle, de notre vécu propre et de celui des générations précédentes. L’instinct est loin d’être aussi universel et exempt de norme que l’on pourrait le penser. Faire uniquement confiance à celui-ci en manière de parentalité peut donc parfois s’avérer contre-productif tant nous sommes marqués par notre propre vécu et nous avons tendance à considérer comme normal ce que nous avons subi au moment de la construction de notre personnalité. Je ne vous conseille pas pour autant de le mettre de côté ! Bien au contraire, je pense qu’il est nécessaire de l’écouter autant que possible. Nous devons toutefois rester conscients que ce que nous prenons pour de l’instinct n’est peut-être pas aussi exempt de pollutions extérieures que nous le pensons.

 

Et par la même, exercer son métier de parents n’est pas une chose aussi instinctive que certains veulent bien l’affirmer. Elle demande souvent un recul particulier pour changer d’angle de vision sur la situation, pour tester de nouveaux positionnements. Être parent aujourd’hui, c’est oser entreprendre, oser essayer, oser tâtonner, oser demander de l’aide. Les solutions sont presque toujours à portée de main, mais il arrive fréquemment que l’on ait besoin d’un regard extérieur, d’une impulsion d’un tiers pour nous remettre sur le bon chemin ou nous aider à retrouver notre équilibre. Être parent n’est un long fleuve tranquille pour personne à partir du moment où on s’investit à fond dans ce processus.

 

Alors ne nous sentons pas fautifs ou défaillants parce que nous avons occasionnellement besoin d’un coup de pouce, que cela soit pour développer notre palette de ressources ou pour gagner en confiance en nous. Et surtout, ne restons pas isolés avec nos difficultés. Un réseau développé et ramifié sur lequel se reposer est une des bases essentielles du métier de parent.

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Certifiée Féna, la Fédération Française des Écoles de Naturopathie

 

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