Je n'en suis pas mort

 

"Moi, j'ai connu cela enfant, et je n'en suis pas mort!"


Cette phrase, si vous avez un pied dans la parentalité consciente et co-respectueuse, si vous cherchez à écouter et à comprendre les ressentis et les émotions de vos enfants, vous l'avez certainement déjà entendue. Tout comme ses variantes "J'ai reçu des fessées enfant, et je n'en suis pas mort!" ou "J'étais élevé à la dure, c'est vrai, ce n'était pas tous les jours facile, mais je n'en suis pas mort!". Vous l'utilisez peut-être vous-même. Elle vous a peut-être énervée, agacée, déstabilisée, peut-être même fait sourire ou que sais-je encore.

 

Moi, personnellement, ce qui me vient à l'esprit chaque fois que je l'entends, c'est que j'ai d'autres ambitions dans l'existence que de simplement garder mes enfants en vie. Mon but ultime en tant que maman, ce n'est pas qu'ils atteignent l'âge adulte. Alors, oui, évidemment, j'avoue que cela fait partie des mes objectifs. Mais comme j'ai la chance d'avoir des enfants en bonne santé et de vivre en France avec un travail, une famille et un réseau amical assez développé, je pense sans trop me tromper et sans coup du sort tragique que je vais y arriver. Je me permets donc de viser un peu plus haut que cela.

 

Mon but ultime en tant que maman, c'est que mes enfants deviennent des adultes plutôt bien dans leur peau, attentionnés et relativement sereins face aux vicissitudes de l'existence. C'est aussi qu'ils se connaissent et s'apprécient suffisamment pour savoir ce qu'ils veulent, ce qui est bon pour eux et ce dont ils ont besoin. Qu'ils traversent la vie avec humour, légèreté et jouissance, en en tirant le meilleur parti. C'est enfin qu'ils trouvent les ressources en eux pour vivre en osmose avec leurs proches et la nature environnante dans une forme de communion harmonieuse et enrichissante.

Or, tous ces idéaux - qui restent d'ailleurs des idéaux en raison de nos freins personnels, de nos blessures non résolues et de l'inadéquation de la société aux besoins physiologiques de l'enfant - ne sont envisageables que si les enfants débutent leur vie sur de bonnes bases au niveau de la confiance en soi et de la confiance en l'autre. Pour pouvoir s'épanouir en tant qu'adultes, ils doivent être capables de vivre pleinement enfants, d'être acceptés pour ce qu'ils sont, sans jugement ni reproche excessif. Car toute forme de remise en question importante de l'essence même de leur être, toute entaille dans la relation de confiance qu'ils sont en droit d'avoir avec leurs parents entachent de manière plus ou moins marquée leur confiance en eux. Il est excessivement difficile de ne jamais léser ce sentiment d'amour inconditionnel que les enfants méritent. C'est même selon moi totalement impossible. Mais un vase ébréché à quelques endroits reste plus solide qu'un vase cassé que l'on a tant bien que mal cherché à reconstituer. Et chaque fois qu'un enfant est frappé, tapé, humilié, durement rabroué, son contenant de confiance en lui, son vase intérieur, est endommagé et compromis. Et à force de mutilations psycho-émotionnelles, on finit par entamer fortement la capacité des enfants à être bien dans leur peau et dans leurs baskets. Alors, oui, certains en sortent peut-être plus forts - même si ce n'est selon moi pas la majorité - et ils sont peut-être fonctionnels vu de l'extérieur. Mais ils restent très certainement fêlés et affaiblis à l'intérieur. Aussi dur que cela puisse être de l'admettre.

 

Alors de grâce, cessez d'utiliser cette expression. Vous vous en êtes peut-être sortis, mais nos enfants sont en droit d'attendre plus de la vie que de juste s'en sortir. Ils sont en droit d'espérer se sentir heureux sans avoir à cacher une partie de leurs émotions, de leurs souvenirs, de leur sensibilité, de leur caractère, de leurs spécificités sous un mouchoir au fond de leur poche. Sans avoir à nier les blessures et les souffrances qu'ils ont connues.


Ils sont en droit d'être accueilli inconditionnellement, dans le respect de leurs besoins et de leurs ressentis, ainsi que dans le respect des nôtres.

Et rappelez-vous, accueillir inconditionnellement ne signifie pas tout permettre. Nous sommes des animaux sociaux et notre liberté dépend de celle des autres. Accueillir inconditionnellement veut juste dire ne pas juger, ne pas cesser d'aimer, ne pas critiquer, ne pas humilier, ne pas punir et être là pour l'autre quoiqu'il arrive, avec empathie et bienveillance.

 

Bon cheminement vers une vie de famille harmonieuse!

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Certifiée Féna, la Fédération Française des Écoles de Naturopathie

 

Membre de l'OMNES, Organisation de la Médecine Naturelle et de l'Éducation Sanitaire